Remettons tout d'abord les choses dans leur contexte:
Je m'appelle Edith, et contrairement à ce que mon prénom laisse penser, je n'ai "que" 33 ans. Je suis Maman de deux enfants de 10 et 4 ans, mais pas que ! Egalément assistante achats dans une enseigne de Bricolage depuis presque 9 ans, je songe à un changement de cap professionnel depuis quelques années déjà. J'avais d'abord envisagé de monter ma propre société dans le service à la personne il y a environ 6 ou 7 ans. Mais mon jeune âge combiné à la complexité de la création d'un entreprise m'ont rapidement découragée. J'ai donc réfléchi à ce qui pouvait le plus se rapprocher de ce domaine, avec un métier que je pourrais apprendre en peu de temps étant donné ma situation professionnelle et personnelle. Après de nombreuses recherches sur internet via des blogs, des réseaux sociaux, les sites parlant du domaine sanitaire et soncial, le métier d'Auxiliaire de Puériculture sonnait comme une évidence.
Nous sommes en 2013. Mon fils vient de naître. Il est indéniable que j'ai besoin de changement dans ma vie professionnelle. Mon travail ne me satisfait plus, et l'organisation de l'entreprise ne convient plus à mes aspirations personnelles. Mon envie de passer à autre chose devient pressante, il faut agir ! Je décide donc de prendre les cours au CNED pour me préparer au concours d'entrée en école d'auxiliaire de puériculture. C'est un coût financier certes, mais cela m'oblige à faire avancer les choses et réviser. Mes premières notes reçues sont encourageantes: 16,5 ; 18 et 15/20... Mais voilà, nous arrivons en 2014. Mon père est de plus en plus atteint par son cancer.
Mai 2014, je commence les allers retours dans le Sud pour passer le plus de temps possible avec lui. Les médecins sont pessimistes quant à son espérance de vie, et pour ma part, je n'ai plus la tête à mes révisions. Je mets donc le CNED de côté en me disant que j'aurai bien le temps de m'y remettre ensuite.
Juillet 2014. Papa s'en est allé après une longue HAD, éprouvante et compliquée pour toute la famille. Les médecins, infirmières, aide-soignants ont été d'un soutien indispensables, aussi bien pour mon père que pour nous. Cela confirme mon choix de reconversion. Je VEUX faire partie de cette grande famille du domaine sanitaire et social ! Mais après avoir peser le pour et le contre côté financier et organisation, je préfère attendre que mon fils soit à l'école pour me lancer. Cela me laisse donc le temps de me remettre de cette douloureuse période, et de me plonger dans les révisions.
Septembre 2016. Ca y est, le petit dernier est en 1ère section de maternelle. Je peux donc me lancer dans la grande aventure. En premier, il a fallu faire le choix de l'école. Une seule et pas une de plus... FONGECIF oblige. J'en ai bien une au bout de ma rue...ça serait pratique! Sauf que pour obtenir des informations complètes, c'est la croix et la bannière... Alors laissons tomber la bannière, et gardons LA CROIX SAINT SIMON, à Montreuil. Leur site internet est complet, au téléphone et par mail ils sont efficaces et réactifs! Et par dessus tout, leur exigence de réussite vis à vis de leurs élèves correspond en tout point à ce qu'il me faut.
Octobre: Retrait du dossier d'inscription au concours et journée porte ouverte. Je suis plus que convaincue que j'ai fait le bon choix d'école. A moi maintenant d'écrire ma lettre à mon employeur pour ma demande de CIF. Une fois mon absence de 10 mois acceptée, retrait du dossier auprès du FONGECIF (organisme dont dépend l'entreprise où je travaille), pour la demande de financement. Et c'est là que les choses se corsent et deviennent incertaines:
- Et si je n'avais pas fait remplir tous les bons papiers correctement?
- Et si l'école perdait sa partie à remplir ou qu'ils zappaient mon mail?
- Et si le FONGECIF ne recevait pas mon recommandé avec AR?
- Et si je révisais le concours sans avoir au final l'accord de financement?
Et si? Et si? Autant de questions qui te font douter à de nombreuses reprises sur ta possibilité à changer de vie. Parce que si tes révisions et ta capacité à réussir le concours ne dépendent que de toi, le reste est incontrôlable...
Décembre 2016: Une lettre de motivation que j'estime en béton, des enquêtes métiers, des exemples d'offres d'emploi et un dossier complet plus tard, me voilà fin prête à envoyer tout ça à celui qui détient une partie de mon avenir. Les fêtes de Noël approchent, je me dis que d'autres n'auront peut-être pas la tête à envoyer leur courrier. Du coup, un peu utopiste et naïve, je me dis que nous serons peu nombreux à passer en commission en janvier.... SAUF QUE! Cétait sans compter sur le côté très administratif et procédurié de ces organismes de financement.
Fin Janvier 2017. Alors que j'avance bien dans mes révisions (surtout pour les tests psychotechniques), toujours aucune nouvelle du FONGECIF. J'appelle donc pour voir si mon dossier avance: "Ah mais Madame, les dossiers ne sont pas traités par ordre d'arrivée, mais en fonction des dates d'entrée en centre de formation... Nous avons jusqu'à 1 mois avant votre rentrée pour vous donner une réponse". Dans ces moments là, on raccroche en se disant que tout est vraiment fait pour démotiver les gens. Mais soit. On continue les révisions en vue de l'écrit début mars.
Mars 2017: tests passés. Je suis plutôt très confiante. Ce n'était pas ce qui m'inquiétait le plus.
Fin Mars: Un beau 16,5/20 malgré un manque de temps sur la fin de l'épreuve qui m'aura empêcher de répondre à quelques questions.!! Je suis donc admissible à l'oral (qui aura lieu début mai), mais toujours pas de nouvelle de mon dossier... Je décide donc de renvoyer un mail pour leur dire que j'ai eu l'écrit et leur indiquer que mon employeur a également besoin de savoir avant août si je quitterai effectivement mon poste, pour pouvoir me remplacer. Même réponse qu'au téléphone.
Aller, on ne désespère pas. Tout vient à point à qui sait attendre....
Fin Avril 2017: Alors que je ne suis qu'à 1 ou 2 semaines de mon oral, je me connecte au site du FONGECIF, sans trop y croire... juste pour voir si quelque chose à bouger. Et là.... MIRACLE ! DOSSIER ACCEPTE PAR LA COMMISSION !!! C'est donc le coeur et l'esprit plus serein que je me penche un peu plus sérieusement sur mes bouquins. Maintenant c'est sûr. Tout ne dépend plus que de moi !
Mai 2017. Le 5 pour être exacte. C'est le grand jour. Convoquée à 14h50. Je stresse de tomber sur un sujet pour lequel je n'aurais rien à dire. Je discute avec 2 ou 3 filles, ce qui me permet de me détendre un peu. Nous sommes toutes dans le même bateau, et aucune n'est plus rassurée que l'autre.
15h20. Ca y est, c'est à moi... tirage du sujet. 10 minutes dans une salle, isolée, pour écrire une introduction, un développement et une conclusion sur: "Quels sont les impacts du déccrochage scolaire sur le jeune et la société?". Inspirée pour le jeune, un peu moins pour la société, j'arrive quand même à sortir les principales idées sur mon brouillon. Les 10 minutes de préparation se sont écoulées à grande vitesse. Une des 2 membres du jury vient me chercher. Présentation de chacune d'elle: une puéricultrice formatrice à l'école, et une infirmière en crèche. A mon tour: présentation, exposé, échange d'idées, motivations et questions organisation.... Je ressors au bout de 20-25 minutes. Peut être 30... Plutôt satisfaite de moi. Je me dis qu'il y a certaines choses que j'aurais pu dire autrement. Mais maintenant c'est fait, les dés sont jetés!
Les deux semaines et demi suivantes sont interminables... Comme les enfants, je compte les dodos jusqu'au verdict final. Arrive enfin le 23 mai. Les résultats doivent être affichés à 16h00. Mais mon impatience légendaire me fait rafraîchir la page du site de l'école très régulièrement. Et à 14h00, alors que je ne m'y attends pas... résultats en ligne !! Quelle liste regarder en premier? Liste principale... ou liste complémentaire? Finalement, dans un élan d'optimisme, je clique sur "Liste Principale - Cursus intial" Etant en fin d'alphabet, je m'empresse de faire défiler la page vers le bas... ADMISE !!! Je n'en reviens pas! Sur 34 personnes, je fais bel et bien partie de la liste. Nous étions environ 350 au départ. Puis 125 à l'oral. Je fais partie des 10% ayant réussi... Je suis enfin en route pour un changement de vie!
24 Mai: Je reçois le courrier de l'école me demandant de confirmer mon inscription. Evidemment que je confirme! Plutôt deux fois qu'une... Et quand je vois ma note d'oral, je suis scotchée: 20/20 ! Autant dire que dans un moment comme ça, la confiance en soi, depuis si longtemps perdue reprend le dessus. Dans le fond, je ne suis pas si mauvaise que ça.
Confirmation renvoyée aussitôt, ainsi que la convention d'engagement pour le fongecif. Quelques jours plus tard, dossier administratif et médical reçu, à retourner à l'école pour le 10 juillet au plus tard. Commence alors la farandole des prises de rendez-vous, des photocopies à faire et refaire. RDV pour avoir 1 ordonnance, puis 2, des vaccins à aller chercher, une prise de sang, une radio des poumons, de nouveau des rdv... Une vraie course contre la montre qui ne remet à aucun moment ma motivation en cause. La seule motivation perdue, c'est celle pour mon emploi actuel. C'est maintenant en attendant le 10 Août (jour de mes vacances) que je compte les dodos ! Viendra ensuite la rentrée le 4 septembre et ma nouvelle vie d'étudiante pour 10 mois. Vivement !!
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